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RODEO 65

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Janvier 1944

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Début 1944, la suprématie aérienne alliée s’affirme en France; Lentement mais surement, la Luftwaffe est dominée par l’aviation anglo-américaine.

Le 21 Janvier 1944, Seize Hawker Typhoons (1) de la Royal Air Force des Squadrons 193 et 266 décollent en 4 groupes de 4; C’est une mission de chasse libre sur la Bretagne Nord, elle est nommée « Rodeo 65 ». 

1 Hawker Typhoon credit C Goss1 Hawker Typhoon credit C Goss

Les Typhoons sont menés par le « squadron Leader » Peter Lefevre (2 et 3).

2 Peter LeFevre DR 2 Peter LeFevre DR

3 Peter Lefevre a lextreme droite DR3 Peter Lefevre à l'extreme droite DR

Ce pilote a déjà une carrière hors du commun derrière lui. Ayant rejoint la RAF en 1938, il a été abattu et a sauté trois fois en parachute, une première fois pendant la bataille d’Angleterre, une seconde en Italie et une troisième fois en Bretagne Nord près de Brest, où il a été caché par la résistance, évacué par l’Espagne et récupéré par le consul Anglais avant d’ être rapatrié vers l’Angleterre. Il s’est battu en Norvège, à Malte et il est décoré de la prestigieuse DFC (« Distinguished Flying Cross »). Il a déjà abattu 9 avions allemands : des chasseurs (Me109, FW190) des bombardiers (Junkers 88, Heinkel 111) et même un Hydravion (Heinkel 115);

RODEO 65 

Les 16 Typhoons traversent la Manche à 650 mètres, juste en dessous du plafond nuageux. En arrivant sur la côté française, ils croisent 6 Typhoons du Squadron 193 qui eux reviennent vers leur base. 

Les 16 avions entament leur périple. Ils passent au Nord de Dinan, puis filent vers le Sud. Sur Rennes, ils rencontrent une FLAK (DCA Allemande) modérée à épaisse. Pour éviter la ville, le leader les emmène à 30 mètres d’altitude plus au Sud de Rennes, mais la FLAK les suit. Arrivés à 10 kilomètres à l’Ouest de Rennes, ils repartent vers le Nord Est, direction Lannion.

SURPRIS ALORS QU’ILS VONT ATTERRIR 

En maraude à 30 mètres d’altitude et à l’affut d’une proie, les Typhoons survolent la campagne Bretonne. Soudain, à quelques kilomètres d’un aéroport, Peter Lefevre repère deux avions, à 150 mètres d’altitude, volant vers le Nord Est.  Ils s’apprêtent à atterrir et l’un d’eux a déjà sorti son train d’atterrissage. Peter Lefevre les identifie comme deux Messerschmitt 109 (5) . 

5 Messerschmitt 109 Credit C Goss5 Messerschmitt 109 Credit C Goss

Ces avions appartiennent à l’escadrille de reconnaissance NAGr.13 qui est basée à Dinard. Ils ont été modifiés pour effectuer des reconnaissances à longue distance, ils emportent de puissantes caméras mais ils sont plus lourds et moins manœuvrant que des Bf109 classiques (6). 

6 Messerschmitt 109 avec sa Camera credit Nick Beale6 Messerschmitt 109 avec sa Camera credit Nick Beale

Peter Lefevre attaque l’avion de gauche et ordonne à la section de droite d’attaquer l’avion de droite. 

Peter Lefevre se rapproche du premier Messerschmitt qui a déjà sorti son train d’atterrissage. Le Me109 a une vitesse d’environ 300 Km/heures alors que le Typhoon vole à près de 500 kilomètres heures. Peter Lefevre ouvre le feu quand il est à 150 mètres de l’avion ennemi, s’approchant jusqu’à 90 mètres . Il observe plusieurs impacts, le Messerschmitt continue son approche vers l’aéroport avec un angle de 25 degrés, comme s’il allait se poser, mais il s’écrase et explose dans le périmètre de l’aéroport. Peter Lefevre dégage violemment à gauche, et son ailier, DC Borland, qui le suit, observe l’avion Allemand s’écraser. 

Quant au second Messerschmitt, le FO. Meyer arrive trop vite sur lui, il tire mais sans voir de résultat.  Sachant que d’autres avions le suivent, il dégage. Le Lieutenant Cassie (7) attaque à son tour avec de courtes rafales.

7 FL Cass Cassie le 2eme en partant de la gauche credit 193 Squadron RAF by Chris Woodcock 7 FL Cass Cassie le 2eme en partant de la gauche credit 193 Squadron RAF by Chris Woodcock

Le Messerschmitt pique à 20 mètres d‘altitude, et essaie d’éviter les Typhoons en tournant autour d’un grand bâtiment que les Anglais identifient comme une église. Jock Inglis (8) attaque à son tour, le Messerschmitt sort son train d’atterrissage, prend de l’altitude, le pilote largue la verrière, sans doute pour sauter en parachute, mais il y a une explosion, l’avion pique brusquement vers le sol et s’écrase près d’une mare. 

8 Jock INGLIS au milieu credit 193 Squadron RAF by Cris Woodcock8 Jock INGLIS au milieu credit 193 Squadron RAF by Cris Woodcock

Sur leur élan, les Typhoons passent en trombe au-dessus de l’aéroport, ils essuient quelques tirs de FLAK mais ils ne sont pas touchés. 

Les deux Messerschmitt effectuaient un vol de convoyage et étaient pilotés par Franz Gregoritsch de Klagenfurt et Fritz Heber de Leipzig (9).

9 fiche de Fritz Heber9 fiche de Fritz Heber

Les deux pilotes allemands seront enterrés à Ploudaniel/Lesneven. 

Les seize avions anglais rentrent sans dommage, malgré une forte DCA Allemande. 

Quelques jours plus tard, le 6 février 1944, Peter Lefevre attaque le dragueur de mine M156 dans l’Aber Wrach’ (toujours dans le Nord Finistère), son Typhoon est touché, il saute en parachute mais trop bas (à 200 pieds, soit environ 70 mètres), son parachute ne s’ouvre pas et il disparait lors de cette action.  

Jock Inglis disparait peu après le débarquement, le 12 juin 1944, lorsque son Typhoon heurte un câble à haute tension près de Potigny dans le Calvados. 

Une plongée dans les archives 

Un long travail documentaire est effectué en amont : le recueil des archives de la Luftwaffe, des rapports (« ORB ») de la Royal Air Force, le rapport de l’officier « intelligence » du Squadron 266, dont voici un résumé:

« Le S/L Peter Lefevre menait 16 avions sur un parcours « Rodeo » Dinard-Rennes-Gael-St.Brieuc-Lannion. Lors du dernier segment, 2 Messerschmitt 109 furent aperçus en approche sur un aéroport.  Lefevre mena l’attaque sur le premier des deux avions qui avait descendu son train d’atterrissage. Le second Me109 essaya de s’échapper en volant autour d’un grand bâtiment, jeta sa verrière, mais il explosa et s’écrasa près d’une mare et d’une église à quelques kilomètres à l’est de l’aéroport ». 

Recoupé avec les témoignages locaux, tout concorde et cela nous amène dans un petit village en Bretagne Nord.  

Sur les traces d’un des deux Messerschmitt, 77 ans plus tard. 

Sur place, nous sommes accueillis par Monsieur le maire et les élus locaux. Avant notre arrivée, une collecte de témoignages a été effectuée, confirmant qu’un avion s’est écrasé près du château. Sur place, nous découvrons un site magnifique avec un château qui a hélas brulé le et dont il ne reste plus que des ruines, évoquant un passé fastueux. La légende locale dit que la marquise ayant refusé l’entrée du château aux paysans venus éteindre l’incendie, de peur que leurs sabots ne rayent le parquet, le château a brulé.... 

Un pare brise intact 

Devant le château une mare et une petite rivière. Dans cette mare ont été trouvés des morceaux de verre. C’est le pare-brise du Messerschmitt 109 (11 et 12 et 13).

 

11 le pare brise qui etait dans la vase11 le pare brise qui etait dans la vase

12 le pare brise photo de 1942 12 le pare brise photo de 1942

13 cest la Piece No3 sur le manuel de maintenance13 cest la Piece No3 sur le manuel de maintenance

Il est composé de deux parties, l’une d’elle est totalement intacte, l’autre étant à moitié brisée.  Son objectif était de protéger le pilote des tirs frontaux. Le matériau est du verre blindé (SiGla : Sicherheitsglas) composé de plusieurs couches de verre, ayant pour but d’empêcher un projectile de pénétrer et de protéger le pilote d’éventuels éclats de verre suite à un impact. C’est la même technique que celle utilisée aujourd’hui avec le verre « securit » du pare-brise des voitures, qui intègre un film transparent entre les différentes couches de verre. 

Cette pièce extraordinaire est restée dans la vase plus de 70 ans et par une chance, la vase l’a conservée, intacte. La chance fait partie de notre démarche.. 

D’autres pièces confirment le type avion : c’est bien un Messerschmitt 109 

Sur site, nous pouvons démarrer les recherches, toutes les autorisations nécessaires ayant été obtenues. Nous trouvons rapidement quelques vestiges de l’avion, parfois posés à même le labour (14) et dont certains portent encre la peinture verte du camouflage (15).

14 une piece a meme le labour14 une pièce à même le labour

15 De la structure avec encore de la peinture verte 15 De la structure avec encore de la peinture verte

Au bord de la rivière d’autres pièces apparaissent. Des éléments en plomb (16) provenant de la batterie, de la tuyauterie (17) et des morceaux de plexiglass de la verrière s’assemblant comme un puzzle (18). 

16 des elements de batterie en plom16 des elements de batterie en plomb

17 de la tuyauterie17 de la tuyauterie

18 du plexiglass de la verriere 18 du plexiglass de la verrière

Voici les pièces les plus parlantes : le cadran du compte tours moteur (19), et la lampe de bord qui servait à éclairer l’intérieur du cockpit la nuit (20).

19 le cadran du compte tours moteur19 le cadran du compte tours moteur

20 la lampe de bord20 la lampe de bord

Ils sont facilement identifiables grâce au numéro de pièce inscrit dessus (« FL32253-1 »). Les voici repositionnés sur la planche de bord de l’avion (21).

21 le Cockpit21 le Cockpit

Enfin, deux pièces attirent notre attention : une trappe mobile permettant au pilote de monter dans l’avion (22), et un encadrement de trappe de maintenance (23).

22 Une trappe mobile22 Une trappe mobile

23 lencadrement de trappe23 lencadrement de trappe

  Ces deux dernières pièces mettent en évidence une peinture grise atypique pour les Me109 : sans doute une couleur spécifique aux avions de reconnaissance. 

Pour ces deux dernières pièces, une visite sur le Bf109 du musée Aéroscopia à Toulouse permet de valider leur positionnement sur avion (24) et (25).

24 la trappe positionnee sur lavion24 la trappe positionnee sur lavion

25 lencadrement sur avion 25 l'encadrement sur avion

Il est donc clair que l’avion de Fritz Heber s’est écrasé face au château. La découverte des vestiges de l’avion, la présence de la mare et du château (que les pilotes Anglais ont pris pour une église) valident les témoignages de 1944. 

Cette recherche met en exergue un étonnant mariage de l’histoire réunissant les ruines d’un château du 19ème siècle incendié et les vestiges d’un chasseur allemand de la seconde guerre mondiale. 

Grâce à l’aide des élus locaux et des habitants du village, un fait de guerre aérien a été reconstitué avec la plus grande précision, et pourra s’inscrire dans l’histoire locale. 

Car c’est encore et toujours l’objectif ultime de notre association : restituer des pans d’histoire oubliés en s’appuyant sur des fragments d’avions, les archives et les témoignages locaux. 

 

 

Remerciements : Pierre Babin, Chris Woodcock, Marie Hélène Quéré, Laurent et Ryan Collaveri, Fabrice Joseph, Werner Oeltjebruns, Philippe Dufrasne, Daniel Sannier, Isabelle de Logivière,  

26 le Me109 dAeroscopia 26 le Me109 d'Aeroscopia

26 bis le Me109 dAeroscopia 26 bis le Me109 d'Aeroscopia

 

 

Le destin du Lancaster ME685

1 Lancaster Credit C1 Lancaster Credit C. Gibelin 

5 Avril 1944. 

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Toulouse n’a pas encore été trop touchée par les bombardements alliés. Mais ce soir-là, les sirènes hurlent, un bombardement mené par la Royal Air Force débute. Des dizaines de bombardiers quadrimoteurs «  Lancaster » arrivent d’Angleterre (2).

2 EM C W4185 in flight 207 squadron DR 2 EM C W4185 in flight 207 squadron DR  

Dans un premier temps, un bombardier rapide « Mosquito » du squadron 617 piloté par Léonard Cheshire (3) « marque » l’objectif.

3 Leonard CHESHIRE3 Leonard CHESHIRE

Il envoie des marqueurs avec une très grande précision sur la cible, l’usine Latécoère de Montaudran où la Luftwaffe effectue la maintenance de ses appareils. Léonard Cheshire a préparé cette mission avec le plus grand soin, il a même rencontré le fabricant du Mosquito, Geoffrey de Havilland pour s’assurer que son avion pouvait bien effectuer l’aller-retour Angleterre/Toulouse en rase motte avec un seul plein de carburant. 

Après ce premier marquage, deux bombardiers Lancaster marquent à leur tour l’objectif, grâce au travail initial du Mosquito. 

Les Lancaster arrivent sur Toulouse. La population se précipite dans les abris et le bombardement commence. 

Dans le flot des bombardiers, il y a le Lancaster numéro ME685 immatriculé « EM C », qui a décollé de Spilsby, Lincolnshire, en Grande Bretagne. Il a 39 heures de vol depuis sa mise en service trois semaines plus tôt, en Mars. Il a participé à deux opérations majeures : une contre Stuttgart  le 15 Mars 1944 et une sur Berlin dans la nuit du 24 au 25 Mars 1944. A son bord, un équipage de sept hommes. Deux sont australiens : Frederick Bruce (4), le mitrailleur supérieur, le plus âgé, a 32 ans. 

4 Frederick BRUCE mitrailleur4 Frederick BRUCE mitrailleur

 John Waycott (5), de Perth, est l’un des plus jeunes, 21 ans, il s’est engagé à 19 ans, en 1941 dans la Royal Australian Air Force et il est arrivé en Angleterre de Melbourne le 17 Mars 1943. 

5 John Waycott mitrailleur, avec sa mere5 John Waycott mitrailleur, avec sa mere

Le pilote John Senior (6) a échappé de peu à la mort pendant son entrainement quand son appareil s’est écrasé dans un lac et qu’il a été repêché in extremis. 

6 pilote jr6 pilote John Senior

Le navigateur, Stanley Sayce (7), est un policier de Cardiff.

7 Stanley SAYCE le navigateur et sa femme 7 Stanley SAYCE le navigateur et sa femme

Le bombardier John Read (8) lui n’a pas de chance : il est un « remplaçant » et il a presque fini son tour d’opérations. Il n’aurait pas dû être à bord du ME685 cette nuit-là; 

8 le bombardier John T READ8 le bombardier John T READ

Le Bombardier est pulvérisé 

L’un après l’autre, les bombardiers lâchent leurs bombes sur l’objectif (9).

9 BOMBING 9 BOMBING

 

L’usine de Montaudran est sévèrement endommagée mais la DCA se déchaine. Soudain, peu après minuit, le Lancaster ME685 explose. Un obus de la DCA allemande a sans doute touché le chargement de bombes avant qu’il ne soit largué. L’appareil est pulvérisé et des fragments de l’avion sont éparpillés dans le Sud Est de Toulouse. Une aile de l’avion est posée verticalement contre la façade d’une maison route de Revel. L’équipage a été tué sur le coup, il n’y a aucun survivant. 

Le lendemain, le quartier de l’ormeau se réveille « sonné » par le choc (10). 

10 LE QUARTIER 10 LE QUARTIER

 

Plusieurs dizaines de civils ont été tués ou blessés et la presse locale, contrôlée par l’occupant, s’en fait largement l’écho (11). 

11 La depeche 11 La depeche

La presse anglaise, elle, (12) précise que l’usine Louis Breguet a été largement détruite (ce qui est exact) et que cette usine «était utilisée pour des travaux expérimentaux, en particulier pour des avions à réaction » (ce qui est faux, mais la propagande joue son rôle).

12 Presse anglaise12 Presse anglaise

Les corps mutilés des membres d’équipage sont éparpillés dans le quartier, entre le bas de la route de Revel et le carrefour de l’ormeau, certains dans des arbres. 

Les sentinelles allemandes empêchent les habitants du quartier de s’approcher des corps. 

Le lendemain, la famille de Stanley Sayce, elle, a bien entendu qu’un raid de la RAF a eu lieu cette nuit-là mais s’est réconfortée en apprenant qu'un seul avion a été abattu, et qu’il est donc hautement improbable que ce soit l'avion de Stanley. Puis, l'épouse de Stanley est informée que son mari est "missing in action", elle aura finalement confirmation de sa mort à la fin de la guerre.

Le Lancaster « EM C » est la seule perte de la Royal Air Force cette nuit-là. 

 

Des vestiges du ME685

Plusieurs années après le crash, le souvenir du Lancaster « EM C » est toujours là. 

Des vestiges de l’avion ont été conservés par les habitants du quartier, parfois datés comme cet éclat de bombe (13).

13 ECLAT DE BOMBE 13 ECLAT DE BOMBE

Certains fragments sont parfois aussi découverts dans les jardins aux alentours, qui peu à peu s’urbanisent.

Voici la douille d’une des mitrailleuses (14 ): calibre 0.303, un marquage sur le culot (K 1942 WI) (15) indique qu’elle a été fabriquée en 1942 par la société Kynoch à Birmingham et que c’était une cartouche destinée à percer les blindages. 

14 DOUILLE 14 DOUILLE

15 MARQUAGE 15 MARQUAGE

Des pièces de structure, tordues, brulées, déformées laisse entrevoir la force de l’explosion qui a pulvérisé le ME685 (16).

16 PIECES AVION 16 PIECES AVION

Une trace de peinture jaune sur ce morceau d’aluminium : c’est l’extrémité d’une pale d’hélice (17). 

17 pale17 pale

 

Des objets du quotidien 

D’autres objets n’ayant aucune relation avec le Lancaster sont aussi mis au jour (18) : un soldat de plomb, une pièce de 20 centimes de 1986, une poignée de robinet;

18 SOLDAT18 SOLDAT

Mais aussi une multitude d’objets, témoignages de la vie de ces terrains agricoles que l’urbanisation transforme en petit à petit une banlieue (19): des capsules de bouteille, des débris en aluminium, un tube d’aspirine, une clé pour serrer un écrou, un flacon de médicament en verre, une talonnette de chaussure de femme, un tuyau de cuivre (vert), fragment de petite voiture « matchbox » (bleu) et bien d’autres clins d’œil du passé (20); 

19 pieces diverses19 pieces diverses

 

20 tubes 20 tubes

Autrement plus conséquent, l’un des moteurs du Lancaster est sorti de terre en 2011 (21), lors de travaux de voirie.

21moteur sorti21moteur sorti

Laissé sur place en 1944, il est resté enterré 67 années (22). 

22 Moteur22 Moteur

Enfin, une découverte étonnante : dans le jardin de l’auteur de cet article, une splendide montre gousset (23 (voir « un bombardier dans mon jardin »). 

23 montre23 montre

Une expertise faite par un professionnel révèle (i) que cette montre a été fabriquée dans les années 20 ou 30 (ii) que la marque de cette montre «PRESTO » a vendu des montres à l’amirauté anglaise entre les deux guerres (iii) que cette montre a subi une chaleur intense : c’est donc vraisemblablement la montre de l’un des membres d’équipage qui a été mise au jour. 

Progressivement, des descendants des membres d’équipage sont retrouvés et contactés. 

Certains membres des familles viennent même sur place, se recueillir sur le lieu où un de leurs proches a trouvé la mort : le neveu du bombardier se rend sur la tombe de son oncle (24). 

24 Le Neveu de Stanley Sayce sur sa tombe24 Le Neveu de Stanley Sayce sur sa tombe

En ce qui concerne les australiens, une correspondance à distance est entretenue avec leurs familles, par mail. 

Le souvenir…

Bientôt, le moteur patiemment restauré par le laboratoire Materia Viva, avec le soutien du CEMES-CNRS, sera exposé sur le site de Montaudran « l’envol des pionniers », un espace consacré à l’Aéropostale et à la conquête de l’air par les  hommes qui en construisirent la légende.

Gilles

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LA VIE DU STANLEY SAYCE PENDANT LA GUERRE

La correspondance de Stanley Sayce, retrouvée par sa famille nous permet de suivre le parcours du navigateur du Lancaster pendant la seconde guerre mondiale, jusqu’au 5 Avril 1944. Au travers de ce témoignage émouvant, nous sommes témoins de la vie 25 – 26 )  de ce jeune policier de Cardiff jusqu’au 5 Avril 1944.

25 Stanley Assis deuxieme en partant de gauche25 Stanley Assis deuxieme en partant de gauche

 26 Stanley et son pere26 Stanley et son pere

 

1. 5 Avril 1942

Moreton, New Brunswick, Canada. Je vais sans doute aller m’entrainer au pilotage dans le Michigan puis à Pensacola, en Floride. Ici au Canada, on ne n’imaginerait pas qu’il y a une guerre en ce moment. La nourriture est excellente, et les rues dans les villes sont éclairées la nuit, contrairement à l’Angleterre où il y a le couvre-feu. Dans le camp, il y a environ 10,000 navigants qui vont et viennent. 

2. 14 Octobre 1942

Je suis dans une base de la Royal Canadian Air force, dans le Manitoba. J’ai appris la mort de notre père, en Août dernier. J’ai été éliminé du cursus de pilotage à Pensacola après 20 heures de vol. Je ne suis pas désappointé comme j’aurais pu l’être car je suis réorienté vers le cursus de navigateur. J’ai appris que mon frère se bats maintenant en Inde. 

3. 24 Juin 1943

Je suis à la maison en vacances à Newport, pays de Galles. J’ai été dans une école avancée à Gloucester. Nous avons décidé ma femme et moi de ne pas avoir d’enfants tant que la guerre ne serait pas terminée.  Je vais bientôt aller dans une unité  d’entrainement opérationnelle dans l’Oxfordshire. J’y serai 10 semaines, puis je partirai en opération sur les bombardiers lourds, souhaitez moi bonne chance ! il y a de sacré raids de la RAF sur la Ruhr.

4, 5 Septembre 1943

Newport (en permission à la maison) J’espère partir bientôt en opérations. Il y a 4 australiens dans l’équipage. Le pilote et bombardier sont de Brisbane, l’opérateur radio est de Perth (NDLR : c’est certainement W.J. Waycott) et le mitrailleur arrière est de Sydney (NDLR :sans doute F.T.R Bruce).

5. 13 Septembre 1943

Un de mes anciens collègues de la police de la ville de Cardiff Police a été tué lors de sa première sortie opérationnelle sur Turin.

6. 19 Decembre 1943

Newport. J’ai déjà effectué 4 missions. La première a consisté à poser des mines, les trois suivantes ont été sur  Berlin. Il y a là des incendies incroyables ; Notre commandant de bord a été blessé : il est somnambule et s’est cassé le poignet en tombant dans son sommeil.

Un autre de mes collègues policier de la ville de Cardiff a été tué en opérations. 

7. 17 Janvier 1944

Newport. Je suis maintenant basé dans le Suffolk, à 20 miles de Cambridge. Nous avons un nouveau pilote (NDLR : vraisemblablement John Senior).  Lors de l’une de nos précédentes missions sur Berlin, nous avons été attaqués par un Junkers 88 mais nous avons réussi à nous en débarrasser. 

Avant que nous recevions ce nouveau pilote, certains membres de notre équipage ont été utilisés comme “rechanges” pour d’autres équipages. Notre bombardier qui était parti avec un autre avion est maintenant manquant. On nous a donc affecté un nouveau bombardier (NDLR : sans doute John Read). C’est dur car on commence à s’habituer à quelqu’un quand tout d’un coup, il disparait. 

Il y a de plus en plus d’américains en Angleterre. 

J’ai appris qu’en tant que navigateur, avec dix missions opérationnelles, on pouvait postuler pour être officier. Quand je les aurai effectuées, je postulerai. 

 [note: le RAF Bomber Command a subi le taux de perte le plus élevé dans les forces armées anglaises, avec environ 55,000 morts sur un effectif total de 120,000]

8. 2 Mars 1944

Newport. Je suis maintenant basé dans le Lincolnshire. Je n’ai pas volé depuis Novembre mais je pense repartir bientôt. 

9. 28 Mars 1944

Newport. Depuis ma dernière permission, j’ai effectué quatre missions : Francfort, Berlin et Essen. Quand j’étais en permission, j’ai appelé l’administration à Cardiff: ils m’ont annoncé que Tom (tu te souviens, le blond qui était à mon mariage) est porté manquant. Cela veut dire que de tout l’effectif de la police, il ne reste plus que Harry et moi. Ce n’est pas possible que tous ces gars soient partis, j’espère qu’ils ne sont pas morts pour rien. 

 [note : sur les 8 membres de la police de Cardiff qui s’étaient engagés, y compris Stanley, un seul a survécu à la guerre. 

NDLR : le 5 Avril 1944, Stanley part bombarder Toulouse, il n’en reviendra pas. (27 – 28) 

27 sayce s27 sayce s

 

 28 sayce228 sayce2

 

FREDERICK BRUCE

Fred Bruce (29 Fred Bruce) est Australien. 

29 Fred Bruce29 Fred Bruce

 Il a 32 ans et il s’est marié (30 Fred's wedding) en 1934 avec Adelaide Dorothy Eliott  (31 Adelaide) et il est le papa d’un petit garçon âgé de 5 ans, Dennis.

30 fredswedding30 Fred's wedding

31 Adelaide Dorothy Elliott married Frederick Thomas Robert Bruce (RAAF Flight Sgt)at Randwick NSW in 1934 they had one son Dennis, Fr31 Adelaide Dorothy Elliott married Frederick Thomas Robert Bruce (RAAF Flight Sgt)at Randwick NSW in 1934 they had one son Dennis, Fr

 

Dans une lettre à sa sœur, le 10 Janvier 1944, il écrit : 

« chère Ella, j’ai bien reçu votre télégramme et je vous remercie beaucoup pour vos pensées. J’espère que vous allez bien tous les deux, ainsi que le petit Colin, il doit grandir et devenir un grand garçon maintenant, je verrai certainement la différence quand je rentrerai. J’espère Mon dieu que ce ne sera pas trop long avant que je ne revois tous.  

Je vais bien mais j’en ai marre en ce moment car j’ai un rhume terrible et je ne me sens pas bien.

J’ai passé un bon noël autant que faire se peut compte tenu des circonstances, mais ce n’était pas aussi bien que si cela avait été à la maison. 

Notre équipage a été un peu chamboulé ces derniers temps car notre Captain s’est cassé la jambe et notre bombardier est parti ailleurs, ils étaient tous les deux australiens, il ne reste donc plus que Johny notre opérateur radio, et moi, les autres sont anglais. Nous avons reçu un nouveau Captain aujourd’hui, et il a l’air OK (certainement Jr. Senior) mais je ne sais pas encore comment il vole. Bon, les gars, il semble bien que je doive vous quitter maintenant, 

Je vous souhaite le meilleur dans tout, je vous aime, ton frère qui vous aime, Fred »

 

Dans la nuit du 5 au 6 Avril 1944, Fred Bruce est tué au-dessus de Toulouse. 

Il était prévu qu’il soit le lendemain le témoin d’un camarade de l’escadrille, qui devait se marier le 6 Avril. 

Quand la femme de Fred Bruce apprend que son mari est mort, elle détruit de désespoir toutes les photos et tous les documents qu’elle possède de lui (ce qui explique qu’il y ait peu de photos de lui).

En 2021, son fils, Dennis est âgé de 83 ans et vit toujours en Australie. 

 

 

 

 

 

P51 A WILLCOCK

QUELQUE PART PRES DE MORLAIX, LE TEMPS S'EST ARRETE

La Chaumiere

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6 Août 1943, Morlaix,

Deux chasseurs Mustang de la Royal Air Force venant de l'Est arrivent en rase motte sur Morlaix. Ces appareils sont parmi les premiers Mustangs I livrés à la RAF (photo 1). Ils ont encore le moteur américain « Allison » un peu faible. Plus tard, dans le courant de la guerre, il sera remplacé par le célèbre moteur anglais « Rolls Royce Merlin » , « donnant des ailes » au P51 qui deviendra alors le premier vrai chasseur à escorter les forteresses volantes jusque dans le cœur de l'Allemagne.

MOSQUITO

« FRIENDLY FIRE »

MOSQUITO  « tir contre son propre camp » un MOSQUITO en vol

« TRAGIQUE MEPRISE »

Eté 1944. L'aviation alliée a acquis la maitrise du ciel. Les Forteresses volantes « B17 » sillonnent l'Europe et bombardent l'Allemagne avec toujours plus de force.
Les B17 accomplissent parfois des missions « Frantic » : elles partent d'Angleterre, vont se poser en Russie ou en Pologne, continuent vers l'Italie et rentrent vers l'Angleterre, en bombardant à chaque fois l'ennemi.